Pour continuer sur le même sujet, je vous livre ici le témoignage (LONG ET DÉTAILLÉ) d’un survivant bosniaque.
En septembre 2011, un utilisateur nommé Selco a rejoint les forums américains de SurvivalistBoards.com et a posté « my shtf experience-wartime », un fil de discussion qui deviendra ensuite une référence dans les communautés survivalistes anglophones. Dans ce fil de discussion, réuni ici sous la forme de questions/réponses, Selco détaille son expérience de (sur)vie dans une ville bosniaque assiégée de 50 à 60 000 habitants pendant la guerre de Bosnie (1992-1995). Le siège a emporté tout ce que les humains modernes tiennent pour acquis et a testé avec une extrême brutalité la capacité de survie de Selco et de sa communauté.
Ayant découvert ce témoignage ô combien révélateur et intéressant, je vous en livre ici la traduction en français.
⚠️ AVERTISSEMENT : il va être ici question à de nombreuses reprises d’armes. Il ne s’agit pas ici de promouvoir l’acquisition, la détention ou le port d’armes chez les civils, mais juste de livrer le témoignage d’un individu spécifique dans des circonstances spécifiques, avec tous les biais que cela implique, sur ce qui a été et risque peut-être d’être de nouveau dans un avenir plus ou moins proche.
« Je viens de Bosnie, et comme certains d’entre vous le savent peut-être, c’était l’enfer ici de 92 à 95. Pendant 1 an, j’ai vécu et survécu dans une ville de 50 000 à 60 000 habitants SANS électricité, carburant, eau courante, distribution de nourriture réelle, ou distribution de tout bien, ou tout type de loi ou de gouvernement organisé. La ville a été encerclée pendant 1 an et dans cette ville, c’était en fait une situation de SHTF (Shit Hit The Fan, Merde Dans Le Ventilo en bon Français, c’est-à-dire situation de catastrophe extrême).
Nous n’avions pas d’armée ou de police organisée, il y avait des groupes de défenseurs, et en fait n’importe qui ayant une arme à feu se battait pour sa propre maison et sa propre famille.
Certains d’entre nous étaient mieux préparés, mais la plupart des familles n’avaient de la nourriture que pour quelques jours, certains d’entre nous avaient un pistolet, peu possédaient un AK-47 quand tout a commencé.
Quoi qu’il en soit, au bout d’un mois ou deux, les gangs ont commencé leur sale boulot, l’hôpital ressemblait à une boucherie, la police a disparu, 80 % du personnel de l’hôpital est rentré chez lui.
J’ai eu de la chance, ma famille était nombreuse à cette époque (15 membres dans une grande maison, 5-6 pistolets, 3 Kalachnikovs) donc nous avons vécu et survécu, la plupart d’entre nous.
Je me souviens que l’US Air Force larguait du MRE (rations de survie militaires) tous les 10 jours (que Dieu bénisse les États-Unis pour cela) comme aide pour la ville encerclée, ce n’était tout simplement pas suffisant. Certaines maisons avaient de petits jardins avec des légumes, la plupart n’en avaient pas.
Après trois mois, des rumeurs ont commencé à propos des premiers décès dus à la famine, des décès dus aux basses températures, nous avons dépouillé chaque porte, cadre de fenêtre des maisons abandonnées pour le chauffage, j’ai brûlé tous mes propres meubles pour le chauffage, beaucoup de gens sont morts de maladies, principalement à cause de l’eau non potable (deux membres de ma famille), nous avons utilisé l’eau de pluie pour boire, plusieurs fois j’ai mangé des pigeons, une fois j’ai mangé du rat.
L’argent ne valait pas plus que de la merde.
Nous avons échangé des choses, le marché noir a fonctionné.
Quelques exemples : pour 1 boîte de corned-beef, vous pouviez avoir une femme pendant quelques heures (ça a l’air mal, mais c’était la réalité) je me souviens, la plupart de ces femmes n’étaient que des mères désespérées.
Nous échangions des bougies, des briquets, des antibiotiques, du carburant, des batteries, des munitions de fusil et bien sûr de la nourriture… Nous nous battons comme des animaux pour tout ça.
Dans une situation comme celle-là, beaucoup de choses changent, beaucoup de gens se sont changés en monstres, c’était moche.
La force était dans le nombre : si vous étiez seul dans la maison, il y avait de grandes chances pour que vous soyez volé et tué, peu importe à quel point vous étiez bien armé.
Quoi qu’il en soit, la guerre s’est terminée, encore une fois grâce à l’Amérique (et encore une fois que Dieu bénisse les États-Unis pour cela).
Ce n’est pas important de savoir quel camp avait raison dans cette guerre.
C’était il y a presque 20 ans, mais croyez-moi, pour moi c’était comme hier, je me souviens de tout, et je pense que j’ai beaucoup appris.
Moi et ma famille sommes préparés maintenant, je suis bien armé, approvisionné et documenté.
Ce qui va se passer n’est pas important, tremblement de terre, guerre, tsunami, terroristes extraterrestres, la chose importante est que quelque chose va arriver.
Et d’après mon expérience, vous ne pouvez pas survivre seul, la force est dans le nombre, soyez proche de votre famille, préparez-vous avec eux, choisissez judicieusement vos amis et préparez-vous aussi avec eux.
Question : Comment vous déplaciez-vous en toute sécurité ?
En fait, la ville était divisée en multiples communautés de rues. Dans ma rue (15 ou 20 maisons) nous avons organisé des patrouilles (5 hommes armés tous les soirs) pour surveiller les gangs ou les ennemis.
Nous avons échangé des choses entre les gens dans cette rue. À environ 10 km de ma rue, il y avait une rue avec quelque chose comme des commerçants organisés, mais c’était trop dangereux d’y aller, cela ne fonctionnait que pendant la nuit (pendant la journée, c’était une ruelle idéale pour les snipers) et vous aviez plus de chances de vous y faire dépouiller que d’y faire du commerce. Je n’ai utilisé cette rue que 2 fois, et croyez-moi, seulement quand j’ai vraiment eu un besoin vital de quelque chose.
Question : Et le bois ? Il semble qu’il y avait beaucoup de forêts autour de votre ville, pourquoi avez-vous dû brûler des portes et des meubles ?
La Bosnie a beaucoup de bois et de forêts lorsque vous consultez la carte, mais j’habitais dans une ville plus proche de la frontière croate, plus au sud, je ne veux pas mentionner le nom de la ville, mais si vous consultez la carte, la partie sud de mon pays plus proche de la Croatie, tout est très rocailleux.
Nous avions bien des arbres dans ma ville, des parcs, des arbres fruitiers, mais la plupart de la ville est constituée de bâtiments et de maisons, et croyez-moi, tous les arbres de la ville ont été brûlés très rapidement : lorsque vous n’avez pas d’électricité, il en faut pour cuisiner et se chauffer. Après cela, tout ce que vous avez, ce sont des meubles, des portes, des planchers en bois… (et croyez-moi, ces trucs brûlent trop vite).
Il n’y avait presque pas de voiture en ville parce que la plupart des routes étaient encombrées de ruines, de voitures abandonnées, de maisons détruites, de trucs comme ça, et l’essence était comme de l’or.
Si j’avais besoin d’aller quelque part, je le faisais presque toujours de nuit. Je n’y allais jamais seul, mais pas non plus en grand groupe (2-3 personnes peut-être). Toujours armé, très rapide, toujours dans l’ombre, à travers les ruines, rarement ouvertement dans la rue, en fait toujours en se cachant.
Nous n’avions ni banlieues ni fermes à disposition : dans les banlieues il y avait l’armée ennemie, nous étions entourés par l’armée ennemie, et à l’intérieur de la ville vous ne saviez pas qui était votre ennemi.
Et il y avait des groupes organisés de gangs, 10-15 personnes, parfois même 50, mais il y avait aussi des gens normaux comme toi et moi, des pères, des papis, des gens honnêtes, qui détroussaient et tuaient. Il n’y avait plus de bons et de mauvais gars, blancs ou noirs, nous étions tous gris, prêts à tout.
Question : Vous êtes-vous préparé et de quel genre de compétences avez-vous eu besoin ?
Nous utilisons ce que nous avions, nous n’étions pas préparés à cette situation, nous ne savions pas.
Vous pouvez donc imaginer que, sous certains aspects, nous sommes remontés à l’âge de pierre… en fait dans la plupart des cas.
Nous avons juste utilisé tout ce que nous avions. Un exemple : j’avais de côté pour mon réchaud au propane (ou butane, je ne suis plus sûr) une grande bouteille de gaz, mais je ne l’ai pas utilisée pour cuisiner ou me chauffer, c’était trop précieux. Avec un ami, j’ai réussi à bidouiller cette bouteille pour y attacher un tuyau afin de pouvoir remplir des briquets jetables. Ils ne sont pas jetables, si vous savez les remplir et ces briquets valent une petite fortune.
Pour faire court, quelqu’un m’apporte un briquet vide et je remplis ce briquet avec du gaz. D’ordinaire, je prenais une canette pour ça ou une bougie ou tout ce qu’il pouvait m’offrir.
Un autre exemple : je suis infirmier diplômé. En des temps comme ceux-là, mes connaissances étaient ma monnaie d’échange.
Oui, soyez formé et éduqué : dans des moments comme ça, savoir réparer des objets, ça vaut une fortune ! Tous vos biens vont s’épuiser un jour, mais vos connaissances spécifiques peuvent vous nourrir.
Quand je dis « apprendre à réparer les choses », chaussures ou personnes, tout ce que vous pouvez !
Mon voisin savait comment faire une sorte d’huile pour les lampes à huile (contenant en verre, avec un bout de corde) et il n’avait pas faim. Il ne m’a jamais montré comment il faisait cette huile. Je crois qu’il utilisait un arbre derrière sa maison et une petite quantité de diesel, je ne sais pas…
Ce que je veux dire, c’est « apprenez des choses », les gens ont toujours besoin de quelqu’un qui sait réparer les choses.
Ce n’était pas un film de survie, c’était moche, nous avons fait ce qu’il fallait pour survivre.
Personne ne gagne, nous avons juste survécu, avec beaucoup de cauchemars.
Question : C’était une guerre de religion, c’est bien ça ?
Désolé mec, fausse information, ce n’était pas une guerre entre chrétiens et musulmans. C’était une guerre civile, avec beaucoup de passages d’un bord à l’autre.
Et désolé de ne pas me lancer dans la politique, je m’en fous. Je ne vais pas non plus parler religion : je veux dire, je crois en Dieu comme puissance supérieure, et j’essaie de vivre selon ses lois, mais je n’appartient à aucun dogme, musulman ou chrétien.
Question : Quel était votre groupe de soutien ?
Mon groupe n’était que ma famille, mon sang (parents, oncles, grand-mère…). Dans ma rue et lors de mes sorties en ville, j’avais des amis proches, mais mes meilleurs amis étaient ma famille. Je ne prends jamais d’étrangers dans mon groupe proche.
Question : Si vous aviez trois mois pour vous préparer aujourd’hui, que feriez-vous ?
Si j’avais trois mois supplémentaires pour me préparer ? Hmm… probablement que je fuirais à l’étranger (je plaisante).
OK, aujourd’hui, je sais très bien avec quelle rapidité les situations peuvent se détériorer. Donc, j’ai de la nourriture, des produits d’hygiène, de l’énergie, etc. pour 6 mois. Je vis dans un appartement avec une sécurité améliorée, et j’ai une maison avec un abri dans un village à environ 8 km de mon appartement, avec là-bas de quoi tenir également pendant 6 mois. La petite communauté de ce village est composée pour la plupart de parents à moi. La majorité d’entre eux est préparée (ils ont appris cela de la guerre). J’ai quatre types d’armes à feu avec 2 000 cartouches pour chaque (désolé, impossible d’entrer dans les détails, les lois sont différentes ici pour les fusils).
Autour de cette maison à la campagne, j’ai un grand jardin et une bonne connaissance du jardinage et de l’agriculture.
Je pense que je sais maintenant sentir arriver les ennuis, vous savez quand tout le monde dit que tout ira bien et que vous avez la certitude d’une manière ou d’une autre que tout va s’effondrer.
Je pense que j’ai la force de faire tout ce qu’il faut pour garder ma famille et moi en vie, parce que, quand tout va mal, soyez sûr que vous allez faire de mauvaises choses pour sauver votre enfant. Il ne s’agit pas d’être un héros, juste de survivre avec votre famille.
Un homme seul survivant, aucune chance (c’est mon opinion). Peu importe à quel point vous êtes bien armé et préparé, à la fin vous allez mourir. J’ai vu ça, plusieurs fois. Des groupes familiaux ou d’amis très proches, avec beaucoup de préparation et beaucoup de connaissances différentes, je crois que c’est le mieux.
Question : Quels articles devrions-nous stocker ?
Cela dépend. Déjà, si vous ne stockez qu’une seule chose, vous n’allez pas survivre, à moins que vous ne vouliez survivre comme un voleur. Dans ce cas, vous n’avez besoin que d’une arme à feu et de beaucoup de munitions.
Je crois qu’en plus des munitions, de la nourriture, des produits d’hygiène et des sources énergétiques (piles, etc.), vous devez vous concentrer sur les petites choses pour le commerce, les couteaux de poche, les briquets, les silex.
Aussi BEAUCOUP d’alcool, du genre qui peut se conserver longtemps, je veux dire des trucs comme le whisky et ça, peu importe le genre, même le moins cher, c’est une très bonne chose pour le commerce en temps de désespoir.
De plus, le manque d’hygiène a tué beaucoup de gens, j’ai vu ça aussi.
Vous aurez besoin de choses simples, comme par exemple beaucoup de sacs poubelle, je veux dire vraiment beaucoup, ils peuvent être utilisés pour beaucoup de choses, et BEAUCOUP de ruban adhésif, il y a de nombreux usages aussi pour ça.
Si vous voulez avoir des armes, restez simple. Je veux dire, maintenant, je porte toujours du Glock 45 avec moi, parce que j’aime ce pistolet, mais ce n’est pas un pistolet habituel, ni un calibre habituel ici. Donc j’ai aussi deux pistolets russes 7,62 mm TT cachés, parce que presque tout le monde a cette arme ici et qu’il y a beaucoup de munitions en circulation.
Je n’aime pas les Kalachnikov, mais ici, ce fusil est dans presque une maison sur trois, alors…
La plupart du temps, pendant la guerre, je récupérais mon eau du toit dans 4 gros tonneaux, puis je la faisais bouillir pour la désinfecter. Nous avions aussi une rivière dans cette ville, trop polluée, mais quand on n’a pas le choix…
Après, tout dépend de jusqu’où vous êtes prêt à aller pour survivre ; vous devez être prêt à faire des choses laides.
Oh oui, ça a changé ma façon de voir la vie. Je sais maintenant que de mauvaises choses peuvent arriver, et de toutes les choses les plus importantes, la plus importante, je crois, c’est que je ne crois plus du tout au gouvernement et à l’autorité. Plus du tout. Quand ils font vraiment de leur mieux pour vous assurer que tout ira bien, vous pouvez être sûr que quelque chose de mal se passe.
Ne vous contentez jamais de croire, cherchez par vous-même.
Question : Qu’en est-il de la guerre civile et des combats religieux ? L’or et l’argent ont-ils beaucoup aidé et comment avez-vous obtenu l’alcool et d’autres fournitures ?
Si c’était une guerre civile, oui, il y avait aussi une grande influence de la religion.
Mais quelqu’un (sur le forum) a mentionné « qu’avez-vous fait avec les gens d’une autre religion ? »
Eh bien, dans ma famille, il y a des gens avec des croyances religieuses différentes, alors que voulez-vous dire par là ?
Je vais essayer de vous expliquer simplement ; il y avait des attaquants et des défenseurs, beaucoup ont changé de camp, c’était une guerre civile. La guerre s’est terminée sans vainqueur, elle s’est terminée par une trêve, principalement grâce aux États-Unis. C’était la mauvaise guerre, les mauvaises raisons. Je ne me suis pas battu pour la religion ou l’ethnicité, je me suis battu pour garder ma famille et moi-même en vie.
Depuis 15 ans, nous avons la paix et nous vivons avec des gens qui étaient nos ennemis. Je ne veux plus avoir de guerre ou d’ennemi à cause de l’ethnicité ou de la religion ni pour aucune autre raison.
S’il vous plaît, n’essayez pas de généraliser quoi que ce soit sur cette guerre, il n’y avait pas d’un côté le camp des bons et de l’autre celui des mauvais, nous avons tous souffert et nous essayons tous de vivre à nouveau ensemble.
Et oui, chaque camp a fait de mauvaises choses, et chaque camp avait des bons et des méchants.
Je suis ici (sur le forum survivaliste) pour une seule et unique raison : la survie ; je veux apprendre et je peux aussi partager des trucs utiles avec vous. En faisant cela, je ne pense pas à vos croyances religieuses, votre origine ethnique ou votre opinion politique.
Quelques mots sur ma ville avant la guerre : c’était une ville bosniaque habituelle, une vie normale, des gens décents, des écoles, des théâtres, des parcs, un collège, un aéroport, un taux de criminalité très bas, une ville comme la plupart des petites villes des États-Unis (je pense). J’étais un jeune homme, comme n’importe lequel d’entre vous peut-être.
Maintenant, une chose très importante : je ne suis pas ici pour discuter des raisons de la guerre, ou des camps, de la religion ou de choses comme ça. Du fait de la guerre, dans ma ville, il y avait une vraie situation SHTF, et nous ne pouvons discuter que de cela, seul cela est important. Vous avez accès à beaucoup de pages Internet, vous pouvez tout apprendre sur cette guerre et vous pouvez choisir votre camp si vous le souhaitez. OK ? bon.
À propos de la survie.
Je ne sais pas pour les autres personnes sur ce forum, mais j’ai beaucoup d’alcool stocké maintenant.
Au début de la guerre, un obus de char a éventré le mur devant une petite distillerie près de chez moi, alors nous avons pris environ 500 litres de rakija. C’est quelque chose comme du whisky bosniaque, je suppose, fait de raisin, très fort. (pour en savoir plus sur le rakija : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rakija)
C’était super pour le commerce, les gens consommaient beaucoup d’alcool, les temps étaient au désespoir je pense. Nous l’utilisions aussi pour la désinfection.
Concernant l’hygiène, vous aurez besoin de BEAUCOUP de tasses et d’assiettes, en papier ou en plastique, je le sais, et nous n’en avions pas du tout.
Mon opinion est que les choses d’hygiène sont peut-être plus importantes que la nourriture. Vous pouvez facilement tirer sur des pigeons ; si vous avez une grand-mère, elle connaît peut-être des plantes comestibles sur la petite colline la plus proche (mon expérience), mais vous ne pouvez pas chasser du désinfectant pour les mains
Des pilules purificatrices pour l’eau, toutes sortes de produits de nettoyage, du désinfectant, beaucoup de savon, de l’eau de javel, des gants, des masques, tous jetables. Prenez bien soin de vous former aux premiers secours, apprenez à traiter les petites coupures, les brûlures ou même les blessures par balle. Il n’y a pas d’hôpital, et même si vous avez trouvé un médecin quelque part, il n’a probablement pas de médicaments, ou vous n’avez pas de quoi le payer.
Apprenez comment et quand utiliser des antibiotiques et prenez-en beaucoup.
Croyez-moi : avec une bonne connaissance et une bonne quantité de médicaments, vous allez être riche.
À propos de l’or et de l’argent, oui, j’ai personnellement donné tout mon or pour des munitions à cette époque, mais cela ne valait pas grand-chose.
À propos des animaux de compagnie, je n’en avais pas, je n’ai pas remarqué beaucoup d’animaux à cette époque. Est-ce que quelqu’un en a mangé ? Je ne sais pas, probablement.
À propos des petites familles, hmm, ça n’est pas bon. Généralement quelques petites familles se réunissent dans une plus grande maison et restent ensemble, si possible tous parents (comme dans mon cas).
Une petite famille ou une personne seule, pas bon pour survivre en ville quand SHTF. Peut-être en pleine nature (je n’ai pas d’expérience dans ce domaine). Même si vous restez discret, caché dans votre maison avec beaucoup de nourriture, etc., tôt ou tard, la foule viendra, et même si vous avez peut-être un ou deux pistolets, ça sera très durs.
Je suis d’accord avec la politique de profil bas, il est très important de ne pas attirer les gens avec quoi que ce soit, mais quand ils viennent, vous devez être en nombre, avoir des gens et des armes à feu, et pour ça, les meilleures personnes sont votre famille.
À propos de se déplacer dans la ville : toujours la nuit comme je l’ai mentionné, jamais seul, 2-3 hommes, très rapides, ne jamais attirer l’attention avec rien, ressembler à tout le monde. Si la plupart des gens ont l’air désespérés, pauvres, sales, vous devez avoir la même apparence. Dans ces cas-là, il n’est pas nécessaire que tout le monde sache que vous avez une bonne quantité de nourriture, de munitions, de chiffons propres et tout le reste à la maison. Regardez et agissez comme tout le monde.
Lorsque quelqu’un vous attaque, vous ou votre famille, vous devez montrer que vous êtes prêt.
Je n’ai jamais été dans de grands groupes. Dans ces périodes et ces situations, un groupe important est un gang.
Maintenant, c’est juste mon expérience d’alors, et j’ai fait beaucoup d’erreurs. Je ne suis pas un expert, je suis ici comme n’importe lequel d’entre vous, pour apprendre et partager.
Question : Qu’est-il arrivé à ceux qui sont morts ? Où les gens se procuraient-ils du bois de chauffage ?
Eh bien, qui est mort ou a été tué durant cette période n’a pas eu de funérailles convenables.
Les gens utilisaient chaque parcelle de terre libre, près de la maison pour l’enterrement, parfois même dans le jardin. Deux ou trois parcs de la ville ont été transformés en cimetières. Après la guerre, la plupart d’entre eux ont été exhumés et correctement enterrés.
Autant que je sache, il n’y a pas eu de bûchers funéraires ou quoi que ce soit de similaire.
Oh encore une chose intéressante à propos du feu : certaines personnes avaient l’habitude de parcourir quelques kilomètres pendant la nuit pour trouver du feu quelque part afin de pouvoir récupérer du bois et le ramener à la maison, et allumer le feu pour cuisiner ou se chauffer. Les briquets et les allumettes étaient vraiment précieux, et la plupart des gens n’avaient pas assez de bois de chauffage pour toujours garder le feu allumé. Pour la plupart des gens, la vie était une recherche permanente de quelque chose : du feu, du bois, de la nourriture, des munitions…
Question : Le sel était-il précieux ?
C’était précieux oui, mais pas tant que ça. Le café ou les cigarettes, par exemple, valaient beaucoup plus.
Question : Parlez-nous des cigarettes…
Hmm, j’ai récupéré beaucoup d’alcool, comme je l’ai mentionné précédemment. J’ai presque tout échangé sans aucun problème. Laissez-moi le dire comme ceci : la consommation d’alcool était probablement 10 fois plus qu’en temps normal. Sans parler du nettoyage et de la désinfection.
D’un autre côté, vous avez tout à fait raison : si vous avez de l’argent et du temps, et que vous avez un stockage, il est probablement préférable de stocker des cigarettes ou des bougies et des piles pour le commerce, ou de la nourriture.
Je n’étais pas prepper (le prepper est un type de survivaliste qui, comme son nom l’indique, se prépare à… eh bien pour caricaturer un poil à un peu tout, en fait, principalement par du stockage et de la bunkerisation) à ce moment-là, nous n’avons pas eu le temps de nous préparer. Quelques jours encore avant que SHTF, les politiciens à la télévision déclaraient que tout allait bien. Quand le ciel nous est tombé sur la tête, nous avons pris ce que nous pouvions.
Question : Parlez-nous de la cuisine et des aliments que vous avez pu préparer. Étiez-vous par exemple préoccupé par l’odeur qui se répandait et alertait les gens qu’il y avait de la nourriture là où vous étiez ?
À propos de la cuisine, avant que SHTF, j’utilisais dans ma maison l’électricité tant pour la cuisine que le chauffage.
Alors quand tout a commencé, j’ai échangé des trucs contre une sorte de vieux poêle à bois, je l’ai mis dans la cuisine et j’ai fait passer le tuyau d’échappement (c’est le bon mot ?) par un trou dans le mur, et je l’ai utilisé pour cuisiner et me chauffer.
Pendant l’été je cuisinais dans mon jardin (avec un mur de clôture en briques, heureusement).
Concernant l’odeur de la nourriture, hm, je vais essayer de vous faire imaginer la situation : pas d’électricité, pas d’eau courante, des eaux usées pendant des mois, des cadavres dans des maisons en ruine, de la crasse et du désordre… Croyez-moi, c’était très difficile de sentir quelque chose de bon.
Ce n’était pas comme dans les films, c’était moche, sale et puant.
Oui, j’ai eu quelques problèmes à cause de la cuisine, seulement quelques-uns, mais comme je l’ai dit avant, avec suffisamment de gens correctement armés et avec la volonté de se défendre, vous pouvez gérer la plupart des problèmes.
La situation serait probablement différente dans la nature sauvage.
J’ai mangé principalement des sortes de crêpes aux herbes locales (ça ne nécessite pas d’huile de cuisson ni trop de bois de chauffage), et bien sûr tout ce que je pouvais obtenir et échanger. Le riz était bon à manger, pas besoin de trop de bois de chauffage pour ça.
Je pense que j’ai eu de la chance, et rares sont les fois où j’ai mangé des choses plus bizarres comme des pigeons.
J’ai toujours eu quelque chose à échanger, je suppose que cela m’a sauvé. Ça et les armes bien sûr.
Questions : 1. Pourquoi la nuit serait-elle plus sûre que le jour ? En dehors de l’évidence d’être plus facile à cacher la nuit, mais les gangs étaient-ils plus dehors pendant la journée ? Aussi, pourquoi seulement de petits groupes de 2-3 ? Qu’est-il arrivé aux grands groupes?
2. Pourquoi devais-tu sortir la nuit ? Par exemple, où alliez-vous et pourquoi ?
3. Comment avez-vous géré la situation de la foule lorsqu’ils sont venus pour vous ou votre famille ?
4. Vous avez mentionné le commerce de balles, etc. Combien de tirs faisiez-vous pendant cette période et combien de munitions aviez-vous ou auriez-vous aimé avoir ?
5. Comment avez-vous pu déterminer qui était un ennemi et qui ne l’était pas ? Comment avez-vous réussi à faire du commerce avec les gens et quand/où ?
6. Quelles fortifications avez-vous apportées à votre maison et quels types de garde ou de protections avez-vous mis en place ?
7. Enfin, comment avez-vous évité les snipers ? Quelles précautions les gens ont-ils pris contre eux ?
D’abord presque personne n’était dehors pendant la journée à cause des tireurs d’élite. La ligne de défense était très proche, donc quoi que vous ayez à faire, vous le faisiez pendant la nuit. Échanger quelque chose, chercher du bois de chauffage (je peux dire à quel point c’était important en ville, et dur), chercher quoi que ce soit, vérifier que quelqu’un allait bien, aller entendre des nouvelles (très très important, beaucoup de gens se font tuer parce qu’ils vont quelque part juste pour voir ce qui se passe ou ce qu’il y a de neuf). Souvenez-vous : pas de journaux, pas de radio, pas de télé, rien ! Les rumeurs ont nourri beaucoup de monde.
Sinon, j’ai déjà expliqué : vous pouvez rester à la maison et mourir de faim et de froid, ou même de l’infection d’une petite blessure. Ou sortir et risquer votre vie pour essayer de trouver ou échanger tout ce qui est utile.
J’ai eu des incidents concernant ma maison, il n’est pas nécessaire que je donne trop de détails : nous avions plus de puissance de feu et un mur de briques.
Nous avions aussi quelque chose comme une surveillance de rue : les gens de ma rue étaient bien organisés, et on était prévenu en cas de gangs, ou quand il y avait des fusillades.
Il y avait pas mal de tirs en ville. Je n’avais pas assez d’armes au début, un fusil et un pistolet (de la Seconde Guerre Mondiale), peut-être 100 cartouches… Plus tard, j’ai échangé certaines choses contre plus de fusils et de munitions. Rappelez-vous que j’ai donné une batterie de voiture pour 2 fusils.
Combien de munitions faut-il ? BEAUCOUP, autant que vous le pouvez.
La plupart du temps, vous n’êtes pas en mesure de déterminer qui est un ennemi ou un ami. Hormis la famille et à quelques vrais amis, tout le monde est un ennemi potentiel. Quand ton ami doit choisir entre la mort de son enfant et ta mort, devine qui il va choisir ?
Les rumeurs… Quelqu’un vous dit qu’un vieil homme à quelques pâtés de maisons a des canettes et qu’il cherche des munitions ou quoi que ce soit, vous y allez. Comme je le dis, vous cherchez toujours quelque chose. Même, certaines personnes venaient dans ma rue en tant que commerçants ambulants, avec quelques marchandises.
Il y avait quelque chose comme un centre commercial pendant la nuit. En fait, c’était la ruine d’un grand centre sportif. Vous pouviez aller là-bas et chercher quelque chose ou offrir quelque chose, mais ce n’était contrôlé par personne donc c’était trop dangereux.
La défense de la maison était très primitive, un mur de briques autour de la maison, des sacs de sable sur les fenêtres et les portes. Et sur ces sacs, nous avons utilisé tout ce que nous pouvions, de gros morceaux de métal, des pierres. À l’intérieur de la maison, nous avons mis toutes sortes de choses sur les fenêtres, il ne restait que de petites ouvertures pour les fusils, toujours 5 membres de la famille prêts au combat, un toujours dehors, dans la rue, caché.
Situation digne de l’âge de pierre 🙂
Pour éviter les snipers, nous restions à la maison le jour. La nuit, ce n’était pas tellement les tireurs d’élite le problème, mais même pendant la nuit, nous ne nous promenions jamais ouvertement dans les rues si nous pouvions l’éviter. Nous prenions toujours des raccourcis, à travers les ruines, rapides et silencieux.
Question : Quelle était la situation concernant les toilettes ? Où êtes-vous allé ? Avez-vous eu de quoi vous essuyer ? Désolé de poser des questions aussi personnelles, mais c’est quelque chose que je me suis demandé dans ce type de situation.
Nous avons utilisé une pelle et n’importe quel terrain près de la maison. Ça a l’air sale, et c’est sale. Se laver (le fondement) avec de l’eau de pluie récupérée, aller parfois à la rivière (mais la plupart du temps c’était trop dangereux). La plupart du temps nous n’avions pas de papier toilette, et même si j’en avais eu, je l’aurais échangé.
Nous étions en situation dégradée tout le temps.
Si je peux donner un conseil : la première chose à prévoir, c’est une arme et des munitions. Seulement ensuite, tout le reste, je veux dire tout, selon le budget et l’espace dont vous disposez. Si vous avez oublié quelque chose, pas de problème, il y a toujours quelqu’un prêt à échanger, mais si vous oubliez les armes et les munitions, vous ne pourrez peut-être pas vous rendre sur les lieux de troc.
Je ne vois pas une grande famille ou un groupe de vraiment (je veux dire VRAIMENT) bons amis comme plus de bouche à nourrir, je les vois comme plus d’armes et de force. C’est dans la nature des gens de s’adapter.
Et restez simple et utilisez votre bon sens. Dans les premiers temps, les personnes faibles ont disparu, tandis que d’autres se battaient.
Faites avec des petites choses, des briquets, des bougies, des silex. C’est une excellente idée d’avoir un groupe électrogène. Mais je pense qu’il est préférable d’avoir 1 000 briquets Bic. Le générateur à essence est génial, mais dans le scénario SHTF en ville, il va attirer toute l’armée. Les 1 000 briquets Bic ne prennent pas trop de place, ne sont pas chers, vous pouvez toujours les échanger contre quelque chose.
Le scénario SHTF dans la vie réelle exige un changement complet d’état d’esprit. On sort de la normalité. C’est difficile à expliquer, je vais essayer à travers des exemples.
Question : Dans quelle mesure était-il facile/difficile d’obtenir des armes APRÈS que SHTF ? et que pouviez-vous échanger pour des armes et des munitions ? (je me souviens que vous avez dit une batterie de voiture contre un fusil) Et où aller pour trouver les personnes qui vendent des armes ?
Hmm, après la guerre, chaque maison ici avait une arme de guerre. Et oui, la police a pris des mesures pour retirer les armes illégales à la population. Après, cela dépend sans doute de chacun, mais je pense que beaucoup de gens ont trouvé des moyens de cacher leur arme quelque part. Au cas où.
J’ai aussi une arme légale (avec une licence), mais le gouvernement ici a quelque chose qu’ils appellent « saisie temporaire ». Cela dit quelque chose comme : en cas d’événement inhabituel (émeutes, troubles, etc.), le gouvernement a le droit de confisquer à titre temporaire toutes les armes détenues légalement, donc je garde toujours cela à l’esprit, et j’ai agi comme certaines personnes.
Vous savez que certaines personnes ont une arme légale pour le quotidien (j’ai le Glock 45 et le Taurus 38), mais certaines personnes détentrices d’une arme légale ont également une arme illégale cachée quelque part, juste au cas où SHTF ou en cas de « saisie temporaire »
Il n’est pas difficile d’obtenir une arme lorsque SHTF si vous avez de bonnes choses à échanger. Mais une autre chose est importante : les premiers jours lorsque SHTF sont les pires en termes de chaos et de panique. Peut-être que vous n’aurez pas le temps de vous procurer une arme. Et être désarmé dans le chaos, la panique et les émeutes est mauvais.
Dans mon cas, l’homme avait besoin d’une batterie de voiture, pour la radio, je pense. Et il avait des fusils supplémentaires, alors nous avons échangé.
Question : Qu’en est-il des soins médicaux pour les personnes qui ont été blessées par balle ?
Les blessures étaient principalement des blessures par balle bien sûr. Sans spécialiste et tout le reste, si les blessés parvenaient à trouver un médecin quelque part, ils avaient environ 30 % de chances de survie. Encore une fois, ce n’est pas un film : la plupart sont morts. Beaucoup sont morts, même d’infections par coupures mineures. J’ai eu des antibiotiques peut-être pour 3 ou 4 traitements. Bien sûr pour ma famille seulement.
Des choses toutes bêtes ont tué des gens. La diarrhée peut vous tuer en quelques jours sans médicaments ni réhydratation (fluidothérapie, Intra-Veineuse), en particulier les petits enfants. Dans de nombreux cas de maladies cutanées, fongiques et d’intoxications alimentaires, nous ne pouvions pas faire grand-chose. Fondamentalement, nous traitions les maladies principalement avec des herbes locales. Et si vous aviez une blessure, on mettait du rakija dessus et on essayait de trouver des antibiotiques quelque part.
J’étais donc doué pour réparer les plaies en termes d’urgence, mais pour les procédures plus longues, le pronostic était mauvais.
Ce que j’ai appris ? Des choses sur l’hygiène encore, et beaucoup sur les médicaments, notamment les antibiotiques. Vous devez apprendre à traiter beaucoup de choses : allez en ligne, terminez une formation, d’EMT peut-être (Emergency Medical Technician, un terme désignant les ambulanciers brevetés et infirmiers protocolés pour l’aide médicale urgente aux États-Unis), les premiers secours, etc.
Quand SHTF, les choses sont différentes : vous devez apprendre comment poser une IV, quand utiliser certains médicaments ou antibiotiques.
Procurez-vous des injections de vaccins anti-tétanos, un kit de poison de serpent, un kit d’adrénaline (réactions allergiques, différents types), un tire-tiques (une maladie liée à la tique peut vous tuer, apprenez à l’éliminer)…
Mettez dans votre stock de préparation un kit de réanimation (simple) comme une petite bouteille d’oxygène, un masque BVM (Bag Valve Mask, un insufflateur manuel), etc. Il n’est pas vraiment difficile d’apprendre à utiliser tout cela.
OK, clarifions quelque chose : bien évidemment, vous ne pouvez rien utiliser de tout cela dans le monde réel, à moins d’être certifié et formé pour cela (ambulancier, infirmière, médecin).
Mais quand SHTF, personne ne vous demande de diplôme, il suffit d’apprendre et d’avoir dans votre stock assez de place pour les choses médicales.
Donc, pour répondre à la question, comment ai-je aidé et traité ? la plupart du temps sans grand moyen. J’en ai aidé certains avec les ressources que j’avais, et j’ai pris de la nourriture ou autre chose en échange. J’étais mal préparé pour ça, mais maintenant je sais de quoi j’ai besoin.
Question : Votre monnaie locale avait-elle encore de la valeur ? Avez-vous encore pu utiliser de l’argent pour acheter des articles à d’autres personnes ?
Non, pas vraiment. Je veux dire que parfois vous pouviez utiliser de l’argent étranger si vous en aviez pour acheter quelque chose (dollars ou marks allemands), mais même dans ces rares occasions, le taux était incroyable ! Par exemple, 1 boîte de haricots pour 30-40 dollars (la valeur normale était peut-être 0,50 $). Je suppose que quelqu’un avait des liens avec le monde extérieur, pour le marché noir, vous savez, donc il a pu gagner beaucoup d’argent. Mais c’était très rare. Le troc était le moyen principal pour obtenir quelque chose.
La monnaie locale s’est effondrée très rapidement, en quelques semaines, ou mois peut-être.
Question : Combien d’espace devrait-on conserver pour le stockage de l’alcool ? À quoi ressemblait la sécurité ?
À propos de l’alcool d’abord, vous avez raison, mais vous avez raison dans les deux sens : les gens ont plus besoin d’alcool dans les moments les plus désespérés qu’à l’ordinaire, donc c’est une sorte de pari je suppose… C’est une très bonne monnaie d’échange, je n’ai jamais eu de problèmes avec le troc d’alcool, pas plus que de problèmes avec l’échange d’autres articles.
Mais je pense à autre chose : peut-être qu’il serait préférable de remplir mon stock avec quelque chose de moins encombrant, mais toujours intéressant pour le troc, comme des piles, des antibiotiques, etc.
Le truc, c’est que j’avais tout cet alcool gratuitement, je ne l’ai pas acheté. Je n’en sais pas plus.
Dans la plupart des situations, les gens m’ont attaqué parce qu’ils pensaient qu’ils étaient plus forts, ils ne savaient pas avec certitude ce que j’avais vraiment.
À propos du troc de munitions, cela dépend de la quantité de munitions que vous avez. Parfois j’ai échangé des munitions contre de la nourriture, et quelques semaines plus tard de la nourriture contre des munitions. Mais je n’ai jamais fait de troc chez moi, et jamais dans de grandes quantités. Ainsi, très peu de gens savaient tout ce que j’avais dans ma maison.
Le but est de stocker autant de choses que vous pouvez stocker (selon l’espace et le budget). Plus tard, en situation, vous verrez ce qui est le plus populaire. Je corrige : les munitions et les armes à feu auront toujours une place pour moi, mais qui sait ? Peut-être que le numéro 2 des articles à troquer sera par exemple des masques à cartouche filtrante.
La sécurité était très primaire. Encore une fois, nous n’étions pas préparés, nous avons utilisé tout ce que nous pouvions. Les fenêtres étaient cassées, les toits très endommagés par les bombardements, toutes les fenêtres étaient bloquées avec quelque chose, des sacs de sable et des pierres… Chaque nuit, je bloquais la porte de ma cour avec de la ferraille et des décombres de la rue et j’utilisais une vieille échelle en aluminium pour franchir le mur. À mon retour, j’appelais quelqu’un de la maison pour me renvoyer cette échelle afin que je puisse rentrer à la maison.
Un gars de ma rue a complètement barricadé sa maison. Quand il sortait la nuit, il utilisait un trou qu’il avait fait dans une pièce, qui la reliait à la maison du voisin, et il sortait par cette maison (en ruine, complètement détruite). Il avait fait une entrée secrète .
Cela peut sembler étrange à dire, mais la plupart des maisons « sécurisées » sont tombées en premier. Bien sûr, il y avait de très belles maisons dans le quartier, avec des murs, des chiens, des alarmes, des barres d’acier aux fenêtres. Et vous pouvez deviner ce qu’il s’est passé : la foule a attaqué ces maisons en premier. Certaines ont résisté, d’autres non, cela dépend du nombre d’armes et de mains qu’ils avaient à l’intérieur.
Donc, je pense qu’aussi excellente soit la sécurité de votre maison, assurez-vous de la garder discrète. Oubliez l’alarme. Si vous habitez en ville et que SHTF, vous aurez besoin d’une maison sécurisée, simple et en apparence non intéressante, avec beaucoup d’armes à feu et de munitions.
Gardez juste un profil bas et pas intéressant.
Mon appartement a maintenant une porte en acier pour des raisons de sécurité, mais seulement pour me protéger durant une première courte période de chaos. Après, je déménage pour rejoindre un plus grand groupe de personnes armées (famille et amis) à la campagne (je l’espère).
En fait, dans mon cas, le départ n’a pas eu lieu parce que ça s’est passé très vite. L’armée adverse a juste encerclé la ville et c’est tout. Si vous me demandez où était cette armée et comment nous ne les avons pas vus venir, la réponse est simple : cette armée était alliée à l’armée de mon camp et de mon peuple. Un jour, nous nous sommes réveillés et avons compris qu’ils étaient maintenant nos ennemis et qu’ils fermaient toutes les voies de circulation. La politique. Un des autres aspects de la guerre civile.
Mais j’ai entendu d’autres parties du pays, ainsi que de mes amis qui étaient restés dans des villages dans les autres parties de l’état, qu’ils ont eu une bien meilleure situation. À la campagne, il y avait des terres, du maïs, du blé, des arbres fruitiers, des fermes, etc. La situation était mauvaise, mais beaucoup mieux qu’en ville.
Je sais une chose : si nous avions eu un moyen de sortir de la ville, nous l’aurions utilisé. Nous ne l’avions pas.
Question : Quelle était la situation des banques et des magasins ?
À propos des banques, des prêts, des cartes de crédit, etc., le système monétaire s’est totalement effondré au bout d’un an environ, donc rien ne fonctionnait.
C’est une question complexe à bien des égards. Même maintenant, presque 20 ans plus tard, des gens sont devant les tribunaux européens pour poursuivre les banques, parce qu’ils ne veulent pas admettre avoir perdu leurs économies dans les banques. Beaucoup de choses différentes se sont produites au cours de cette période : la monnaie a changé, je veux dire le nom de la monnaie, ils l’ont changé 2-3 fois… Il y a eu de l’hyperinflation aussi, la perte de toutes traces écrites sur l’épargne, les prêts… je me souviens que certaines personnes ont utilisé cette situation pour s’enrichir, et elles sont toujours riches.
Il y a eu beaucoup de problèmes pour prouver les droits de propriété des gens après tout ça. Par exemple : mon père avait un bel appartement. Du fait de la guerre, il a dû le quitter. Après la fin de la guerre, il a été au tribunal pendant environ 4 ans pour prouver que cet appartement était bien le sien. Ça n’était plus pour les mêmes raisons, à cause de la politique à cette époque, mais aussi parce qu’il n’avait pas assez de papiers pour prouver que cet appartement était le sien (il n’a pas pris les documents de l’appartement quand il s’est enfui, il avait des choses plus importantes à faire).
D’un autre côté, pendant la pire période, les gens venaient emménager dans une maison vide, et c’est tout.
J’ai mentionné les zones rurales dans un précédent post. Pour autant que je me souvienne, c’était mieux là-bas.
À cette époque, il n’y avait pas de véhicule en état de marche. En fait, je me souviens d’un char en première ligne et d’une Lada Niva dont les portes et le toit avaient été découpés pour installer une mitrailleuse (je pense que c’était une vieille M53). Ces deux-là ne se sont déplacés que quand ils ont tiré (ils les gardaient cachés derrière des maisons en ruine).
Car pour ce que j’appellerai la « population civile », il n’y avait aucun déplacement avec des véhicules. Les rues étaient pour la plupart sous les décombres et inutilisables. Et le carburant était trop cher.
Ne pas attirer l’attention était une chose importante. À propos des vêtements, il y avait une sorte de « groupe de défense de la ville ». Ce n’était pas comme de vrais militaires, principalement parce qu’ils avaient des vêtements civils mélangés avec des bouts d’uniformes, une arme différente, pas de règles.
Comme je l’ai dit auparavant, il n’y avait pas d’armée organisée, mais nous étions tous comme des soldats, nous y étions obligés, la plupart d’entre nous portait une arme et nous essayions de nous protéger de l’armée ennemie et des voleurs.
À l’intérieur de la ville, vous ne vouliez pas avoir l’air chic, parce que quelqu’un vous aurait tiré dessus et aurait pris vos bonnes affaires. Vous ne vouliez pas non plus avoir un fusil de luxe, parce que vous n’auriez probablement pas trouvé de munitions pour ce calibre et vous auriez aussi attiré l’attention.
Alors laissez-moi essayer de le dire ainsi : si SHTF demain, j’essaierai de ressembler au gros des gens à l’extérieur, effrayé, désespéré, confus et je crierai peut-être. Je ne porterai pas des trucs classieux, je ne sortirai pas en bel uniforme tout neuf en criant « Je suis là, c’en est fini de vous, maintenant, pillards et voleurs ! » Je resterai discret, lourdement armé et bien préparé en attendant de voir quelles sont mes options, et même si je dois sortir avec tout mon attirail pour faire des choses, j’irai de nuit, avec le meilleur de mes amis ou de mes frères. Cela peut sembler ridicule, mais d’après mon expérience, cela fonctionne. Soyez très bien préparé, mais ne laissez personne en dehors de votre maison le savoir ou le voir.
Peu importe la qualité de la défense de votre maison, peu importe la qualité de votre arme, si les gens voient qu’ils ont de bonnes raisons de vous voler, ils vous voleront à coup sûr. En ville alors que SHTF, ce n’est qu’une question de temps et de nombre d’armes. Ne leur donnez jamais raison d’être intéressant à voler. Restez inintéressant. Maintenant, c’est mon avis, peut-être que ça ne fonctionne pas dans une situation différente.
À propos du pillage des épiceries et des stations-service, cela s’est passé très très vite. Dès que les tirs ont commencé, toutes les choses de valeur ont disparu. Il y a bien eu un certain effort des autorités pour garder le contrôle, mais tout s’est effondré dans les premières semaines.
Question : Quand vous avez décrit votre expérience de siège, vous avez mentionné que vous n’aviez ni électricité ni eau courante. Comment vous et votre famille avez-vous géré les conditions des toilettes (sanitaires) ?
Nous avions une petite cour et nous creusions des trous pour les toilettes, nous pensions que c’était temporaire, donc les trous étaient petits. Mais plus tard, nous en avons creusé de plus grands, parce que nous avons réalisé que c’était long et que le monde nous avait peut-être oubliés. Ce n’était pas terrible, mais au moins on ne l’a pas fait dans la maison comme beaucoup d’autres. Toute la région a commencé à sentir mauvais de toute façon, la puanteur des morts est pire qu’un peu de caca.
Question : J’aimerais savoir ce que les femmes, les enfants et les membres âgés de votre famille ont fait au quotidien pendant que votre ville était attaquée ?
La répartition des rôles d’il y a un siècle est revenue. Avant la guerre, nous étions une société moderne, mais dès que SHTF, les femmes, les enfants et les personnes âgées sont restés pour la plupart à la maison. Ils étaient d’accord avec ça, pas de questions. Ça s’est fait automatiquement. Ils ont fait la lessive, la cuisine, le nettoyage et les soins aux malades. Parfois, lorsque les bombardements étaient un peu moins importants, certaines femmes venaient cueillir des herbes ou des MRE si l’aide alimentaire arrivait à ce moment-là. Pas souvent. Nous avons toujours eu un homme qui protégeait la maison, les femmes, les enfants et les personnes âgées.
Question : De toutes les armes que vous avez utilisées, quelle était votre arme préférée lorsque vous sortiez dans la rue OU lorsque vous restiez à la maison et pourquoi ?
J’ai toujours eu les mêmes armes, TeTe gun, un pistolet russe, et un AK47. Un choix simple, la plupart des munitions en circulation étaient pour ces armes. Nous n’en avions que quelques-unes, alors nous les avons échangées entre nous. Ça fait du bon travail, des armes très fiables. L’AK47 a un bon pouvoir de freinage, mais il n’est pas très bon en mode entièrement automatique. Ça vous transforme un humain en chair à pâté.
Question : De nombreux preppers en appartement décideront probablement de rester chez eux, ce qui a suscité de nombreuses discussions sur les avantages et les inconvénients de rester en ville. Certains disent qu’en restant en ville, les infrastructures seront d’abord restaurées, et que ceux qui vivent à la campagne seraient attaqués par des bandits itinérants. L’autre partie déclare que ceux qui vivent à la campagne ont de plus grandes chances de survie car ils seraient plus autonomes et ne dépendraient pas des ressources de la ville. D’après votre expérience et celle de votre famille, laquelle préféreriez-vous et pourquoi ?
FUYEZ ! Si vous avez de la chance, oui, la ville sera peut-être mieux, mais sinon, c’est bien pire. Planquez-vous pendant quelques jours jusqu’à ce que les premiers instants de folie s’apaisent, puis sortez. Ça dépend aussi de la météo. Il peut être mieux de rester à la maison en hiver en risquant de se faire voler ou assassiner, que de sortir et de mourir de froid. Ne fuyez que si vous savez où vous fuyez.
Question : Quels parallèles voyez-vous avec les événements aux États-Unis et en Bosnie avant la SHTF ?
Les États-Unis et la Yougoslavie (en 1990) à première vue n’ont rien en commun, parce que les gens vont dire : « Les États-Unis ne peuvent rien avoir de semblable à un système socialiste. »
C’est vrai mais seulement à première vue.
La Yougoslavie comptait quelque 20 à 22 millions de citoyens, six républiques (semblables aux états des États-Unis), 3 à 4 religions principales et de nombreux groupes nationaux (ethnies).
La politique officielle de l’État était de construire la « nationalité » yougoslave (à partir de la fin de la Première Guerre mondiale) et de différentes manières, cet effort a été couronné de succès jusqu’aux années 90.
Nous étions « quelque chose de grand, unis au travers de nos différences par un lien fort pour faire quelque chose de grand ».
Et puis ces différences ont été utilisées pour créer le chaos.
À la fin des années 80 et au début des années 90 (lorsque la démocratie est arrivée), les problèmes ont commencé et se sont terminés par une série de guerres et de cas d’effondrement complet.
Des choses que j’ai vécues dans mon cas avant que SHTF, choses que vous pourriez reconnaître, voici ce que j’en retire :
• ce qui différencie les gens est de plus en plus problématique (races, religions, opinions politiques) ;
• la polarisation se radicalise ;
• des gens veulent venir dans votre pays, sans vouloir « s’assimiler » ou contribuer au bien commun, mais en voulant préserver leur mode de vie qui est souvent absolument contradictoire avec le fonctionnement de votre pays (société) ;
• les solutions politiques pour résoudre ces problèmes échouent souvent, car, par essence, ces problèmes sont difficiles à résoudre de manière démocratique (dans l’esprit de la démocratie) ;
• dès lors, vos libertés « rétrécissent » et sont remises en cause ;
• les appels à des « solutions radicales » pour ces problèmes sont de plus en plus forts ;
• les médias font un boulot dégueulasse et il devient désormais difficile de savoir quelle est la vérité ;
• et soudain, des personnes et des événements de l’histoire sont « ramenés du passé » afin que les gens puissent en juger et en débattre, pour réécrire l’histoire, et parfois pour construire des mythes.
Question : D’autres choses à ajouter ?
J’ai vu beaucoup de gens tués, beaucoup de femmes et d’enfants aussi, des civils. Un grand nombre de personnes ont souffert, avaient faim et froid et étaient terrifiées pendant cette période.
Mais je peux compter sur les doigts d’une main les politiciens morts ou affamés à cette époque.
Les choses allaient bien pour eux pendant cette période. Certains d’entre eux sont devenus encore plus riches. Beaucoup d’entre eux sont encore puissants dans le même parti ou dans des partis différents, et parlent toujours de « leur peuple » ou de « causes » ou de « la peur des autres ».
C’est la façon dont cela fonctionne. »