Le droit de glaner date d’un édit royal du 2 novembre 1554. Glaner est un droit ancestral qui ne peut s’exercer sur le terrain d’autrui qu’après enlèvement de la récolte. Il ne s’agit donc pas d’aller piller tout ou partie de la récolte, c’est-à-dire le fruit du travail de l’agriculteur, mais bien la part délaissée sur place après récolte.
Toléré de jour et sans outil, le glanage se distingue de trois autres pratiques : le maraudage (vol des fruits et légumes cultivés quand ils ne sont pas détachés du sol), le grappillage (récupération après récolte de ce qui reste sur les arbres fruitiers ou les ceps de vigne et qui pourrait constituer une deuxième récolte), et le râtelage (utilisation d’outils comme le râteau pour récolter). Maraudage, grappillage et râtelage tombent sous le coup de l’article 131-13 du code pénal qui établit un barème des contraventions.
Le glanage qui consiste par conséquent en la pratique de ramassage après récolte est autorisé en journée et lorsqu’il est réalisé sans outil, sauf arrêté municipal contraire (article 19 de loi pénale du 9 juillet 1888 sur la police rurale). Il est interdit sur un terrain clôturé, sauf accord explicite du propriétaire. Dans tous les cas, et afin d’éviter la naissance de conflit, il est toujours conseillé de se rapprocher de celui-ci au préalable, notamment pour vérifier que la récolte est bien achevée… et tout simplement par simple courtoisie de base.
L’ensilage du maïs ayant eu lieu jeudi, j’ai donné vendredi un coup de main à mon voisin pour bâcher les silos et lui ai demandé par la même occasion s’il m’autorisait à glaner un peu du maïs restant dans ses champs, ce qu’il m’a accordé sans rechigner aucunement : moins il reste de maïs, moins cela attire les sangliers, qui ont aussi tendance à tout retourner sur leur passage. Et s’ils prennent l’habitude de visiter certaines parcelles avec la motivation d’y faire bombance, ça peut vite tourner à la catastrophe !

Désormais, et pour quelques jours encore, la promenade quotidienne des chiens se fera donc accompagnée d’une brouette, qui se remplira des épis délaissés par les machines. Nous en ramasserons ainsi environ deux cents kilos.
Une fois rapporté à demeure, le maïs est épluché et mis en cagettes. Il ne faut pas trop charger celles-ci pour que l’air circule bien entre les épis. Sans quoi, l’humidité ne s’évapore pas, les grains sèchent mal et divers champignons et autres moisissures se développent allègrement, rendant les grains impropres à la consommation.
Les épluchures (feuilles, morceaux de tiges, chevelure et morceaux d’épis à grains peu développés) ne sont pas perdues : rien ne se perd, tout se transforme ! Cette matière végétale ira agrémenter l’ordinaire des bovins, pas tant pour les nourrir (il n’y a pas grand-chose pour une grosse vache et son veau) que pour leur offrir une friandise dont ils raffolent !
Les cagettes sont ensuite montées au grenier pendant quelques mois pour permettre au grain de bien sécher, en espérant que la gent trotte-menu (les mignonnes petites souris) ne vienne pas faire festin de tout ce bon grain laissé sans aucun Raminagrobis pour le surveiller !
Une fois sec, les épis seront égrainés, les grains partant dans un seau hermétique. Mais les rafles sèches ne seront pas jetées pour autant : elles serviront d’allume-feu pour la cheminée et le barbecue ! Tout se transforme, vous dis-je !
Actuellement, en jardinerie ou coop agricole, le maïs sec pour animaux de basse-cour se vend autour des 10 € le sac de 25 kg. J’en utilise une centaine de kilos par an pour mes poules (oui, après séchage et égrainage, on perd facilement 50 % du poids). Voilà donc 40 euros qui resteront dans ma poche pour un travail somme toute minime et même pas désagréable.