Le Feu, faut l’é… teindre !

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♪♫ Au feu, les pompiers,
V’là la maison qui brûle !
Au feu, les pompiers,
V’là la maison brûlée ! ♫♪

 

Tout le monde connaît cette chansonnette pour enfants, dont l’aspect pédagogique est évident : lorsque notre habitation brûle, il faut appeler les pompiers, en faisant, sur son téléphone, le 18 (pompiers) ou le 112 (appel d’urgence, de quelque type que ce soit, numéro valable dans toute l’Europe).

Le ministère de l’Intérieur rappelle qu’il se produit plus de 300 000 incendies domestiques (donc hors incendies d’usines ou de bâtiments autres qu’à usage d’habitation) chaque année en France, ce qui signifie qu’un incendie se déclare en moyenne toutes les deux minutes.

Après la noyade, l’incendie est la seconde cause de mortalité par accident domestique chez les enfants de moins de cinq ans (source : DGCCRF) et ces sinistres causent globalement plus de 800 décès et 15 000 blessés par an.

Une étude de l’association Que Choisir estime qu’en 2019, le délai moyen d’intervention des pompiers sur un incendie, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre la prise d’appel sur la plateforme téléphonique et l’arrivée des pompiers sur les lieux de l’incendie, ce délai moyen d’intervention, donc, est de 20 minutes.

Lorsqu’il y a le feu, les pompiers viennent toujours avec leur grande échelle et leur grosse lance à incendie… (photo de couverture du Calendrier des Pompiers 2020 par le photographe Fred Goudon – droits d’auteurs reversés à deux associations : Pompiers Entraide Internationale et l’association Challenge Ludovic Martin)

Il existe, chez les pompiers, un dicton qui dit que « la première minute, un feu s’éteint avec un verre d’eau, la deuxième avec un seau, et la troisième avec une citerne ! »
Malheureusement, le dicton ne dit rien sur la 20e minute.

C’est pour pouvoir agir le plus rapidement possible – et tirer les gens de leur sommeil avant qu’ils ne s’asphyxient – que le législateur français a rendu obligatoire, en 2011, l’installation dans chaque habitation, de détecteurs de fumée, dont on se demande toujours s’ils fonctionnent bien, jusqu’à ce qu’on fasse des saucisses grillées à la poêle…

Mais une fois que le détecteur a sonné, que fait-on ?

cliquez sur le logo pour accéder au site du ministère

Rappelons tout d’abord qu’il est ici question des incendies DOMESTIQUES : ce qui se passe dans les usines et autres locaux d’entreprises est une autre histoire. Ce qui nous concerne ici, en tant que particuliers, ce sont les feux intervenant dans l’habitation et  ou la voiture personnelle.

Le ministère de l’Intérieur a une page dédiée pour ce type de cas ; je vous invite vivement à la consulter et à en intégrer les détails.

Mais surtout, dans tous les cas, il convient de garder son calme et de ne pas paniquer : le sang-froid est primordial.

Et il convient aussi de se souvenir d’une chose : aussi onéreux soit-il, aussi chargé de souvenirs soit-il, aucun bien matériel ne mérite qu’on risque sa vie ou celle d’autrui pour le sauver.

Sur la page du ministère, vous pourrez lire la phrase suivante (3e point des recommandations en cas d’incendie chez soi) : « Essayez d’éteindre l’incendie avec les moyens en votre possession ; »

Et c’est là que nous en revenons au dicton des pompiers : « la première minute, un feu s’éteint avec un verre d’eau, la deuxième avec un seau, et la troisième avec une citerne ! »

Rares sont les personnes, de nos jours, qui ont un seau rempli d’eau au pied de leur lit, ou dans leur salon. Qui plus est, selon le type de feu, balancer de l’eau à tout va pourrait être pire que mieux.

Car il y a différents types de feux. Cinq au total :
les feux de classe A, concernant le bois, le papier, le plastique, le tissu et toute matière sèche solide et inflammable ;
les feux de classe B, concernant les hydrocarbures, les solvants, l’essence, l’alcool, les graisses, les huiles, les peintures et vernis et tout liquide ou solide liquéfiable inflammable ;
les feux de classe C, concernant le butane, le propane, l’acétylène, le gaz naturel et tout gaz inflammable ;
les feux de classe D, concernant les métaux, qui interviendront rarement dans une habitation, sauf à ce que vous soyez forgeron amateur ;
et enfin les feux de classe… F (ah ah ! raté !), concernant les huiles ou graisses servant d’auxiliaires de cuisson, qui nécessitent d’être étouffées avec un extincteur à CO2 ou une couverture anti-feu (ou au pire avec de la terre ou du sable si vous en avez à proximité).
la classe E était initialement affectée pour les feux d’origine électrique, mais elle a été supprimée : ce n’est pas l’électricité en elle-même qui brûle, mais les équipements électriques, qui sont en bois, en plastique ou autre, et donc qui relèvent de la classe A.

Chaque type de feu nécessite donc un moyen spécifique pour l’éteindre correctement. Ainsi, si votre poêlon de fondue bouguignonne prend feu (feu de classe F) et que vous jetez un bol d’eau dessus, non seulement le choc thermique risque de provoquer un vif dégagement de vapeur brûlante, non seulement le poêlon en fonte risque d’exploser et de provoquer blessures et dégâts, mais de surcroît, l’eau et l’huile ne se mélangeant pas, vous risquez fort de voir l’huile enflammée se répandre partout sur la table, le sol, les genoux de vos invités, les rideaux, le plafond, l’étage du dessus, etc.

« Elle était sympa, cette fondue ! faudra qu’on remette ça ! »

Heureusement, de savants savants et d’ingénieux ingénieurs ont mis au point un dispositif tout à fait révolutionnaire au nom imprononçable convenablement sans crachoter un demi-litre de postillons : L’EXTINCTEUR !

Et figurez-vous que, de surcroît, ce dispositif ne coûte même pas cher : un petit extincteur à poudre, qui permettra d’intervenir indifféremment, sans se poser de questions, sur des feux de classes A, B et C, qu’on peut coincer quelque part dans le coffre de la voiture ou poser discrètement au pied d’un meuble dans un coin du salon, ne reviendra qu’à une grosse vingtaine d’euros, et entre 30 et 40 € pour un « gros » extincteur de 4 kg du même genre (voir photo ci-contre, à 33 € actuellement sur Amazon).

J’entends d’ici les gémissements de ceux qui sont toujours contre tout : faut les faire vérifier régulièrement, ça coûte cher, c’est technique à utiliser, on peut faire pire que mieux, sans entraînement ça peut être dangereux, et pis si on a un feu de classe F on fait comment, et pis et pis et pis gnagnagnagnagna…

À tous ceux-là, je répondrai simplement :
bien évidemment, si vous pouvez vous former à l’utilisation d’un extincteur, ce n’en sera que mieux, mais il n’en demeure pas moins que, lors d’un départ de feu, avoir un extincteur sans formation est toujours mieux qu’avoir une formation sans extincteur ;

bien évidemment encore, il ne s’agit pas de jouer au héros (ou à l’inconscient) et de partir combattre un violent incendie ayant embrasé un immeuble avec un extincteur à poudre de 2 kg ;

pour ce qui est de l’entretien, au prix bas où ils sont, je ne m’emmerde pas à faire vérifier mes extincteurs : lorsqu’ils ont quelques années, je les change, et j’en profite pour utiliser les vieux pour m’entraîner à les manipuler. Vous pouvez aussi faire un roulement en n’achetant qu’un seul extincteur par an ;
pour les feux de l’ancienne classe E (la classe D ne concernant a priori pas les habitations), s’il existe des extincteurs à CO2 dans le commerce, ils sont effectivement beaucoup plus chers et je prends le risque de n’en pas avoir. Si mon tableau électrique prend feu, j’essaierai dans un premier temps et dans la mesure du possible de couper l’arrivée d’électricité, puis de contenir le sinistre en attendant l’arrivée des pompiers. S’il est vivement déconseillé d’utiliser des extincteurs à eau sur ces feux du fait du risque d’électrocution (surtout à cause du ruissellement), les extincteurs à poudre pour feux de classes A, B et C, généralement, peuvent aussi être utilisés sur les feux d’origine électrique (à vérifier néanmoins sur l’extincteur), mais ils ont l’inconvénient de détruire le matériel, alors que l’extincteur à CO2 le laisse intact. Mais entre devoir dépenser quelques centaines, voire milliers d’euros pour changer mon tableau électrique, ou perdre ma maison dans les flammes…

pour les feux de classe F (classiquement, la friteuse qui prend feu), on peut simplement utiliser une couverture anti-feu du commerce, voire en confectionner rapidement une à l’aide d’une serviette épaisse humide (et pas trempée).

Il y a toujours d’excellentes raisons (et d’autres beaucoup moins excellentes et en encore plus grand nombre) de ne pas faire les choses et de s’en remettre à autrui, à l’État ou à une organisation quelconque : en France, rien ne vous oblige à avoir un extincteur, rien ne vous oblige à apprendre les gestes qui sauvent, rien ne vous oblige à vous prendre tant soit peu en main. Tiens, même, vous avez raison ! le mieux, c’est de ne pas avoir d’extincteur chez soi, c’est trop risqué, on pourrait faire une bêtise, laissons cela aux professionnels, même s’ils mettent 20 minutes à arriver, après tout, c’est leur boulot, pas le nôtre ! Et puis regarder sa maison ou son appartement partir en fumée, avec peut-être ses gosses dedans, ça fait une sacrée bonne expérience de vie et des souvenirs pour le restant de ses jours ! Et ça, ça n’a pas de prix, n’est-ce pas ?

Bref, vous l’avez compris, je vous invite vivement à dépenser – au minimum, mais plus si affinités – une petite centaine d’euros dans :
un petit extincteur à poudre ABC 2 kg pour la voiture ;
un petit extincteur à poudre ABC 2 kg pour la maison (à mettre dans une chambre, par exemple) ;
un « gros » extincteur à poudre ABC 4 ou 6 kg pour la maison.

Le cas échéant, vous pouvez aussi faire l’acquisition d’une couverture anti-feu (une quinzaine d’euros), très utile pour étouffer un départ de feu (de friteuse, par exemple).

En intervenant rapidement, avec du sang-froid et l’équipement ad hoc, votre incendie 🔥 ne fera pas long feu ! 💧

Ceci étant, ce n’est pas parce que vous êtes devenu le héros (ou l’héroïne) du jour en ayant vaincu votre départ de feu que vous devez vous dispenser, le cas échéant, d’appeler les pompiers.

En effet, parfois, il arrive qu’un feu, apparemment éteint, reprenne plus loin sans qu’on s’en aperçoive. Cela arrive par exemple avec les feux de cheminée. On éteint le foyer principal et tout semble rentré dans l’ordre, mais plus haut dans le conduit, près des combles, des résidus continuent de se consumer…
Alors, même si les pompier aiment éteindre les feux et sont déçus d’arriver après la bataille, ils peuvent néanmoins vérifier à la caméra thermique que tout est bien rentré dans l’ordre. Et comme le dit une de mes connaissances qui est pompier volontaire : « je préférerais toujours être appelé pour rien plutôt que pour sortir des cadavres d’enfants d’un incendie mal éteint.  »

2 réponses sur “Le Feu, faut l’é… teindre !”

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