Je ne vais certainement pas me faire plein d’amis avec cet article, mais comme je n’ai pas mis ce blog en place pour me faire des potes, ça me va.
Il est un sujet extrêmement sensible auprès du public français : celui de la possession et de l’usage des armes à feu. Qui plus est, il charrie avec lui un certain nombre de fantasmes et de contre-vérités qui n’aident pas à regarder les choses de manière objective.

Enfin, si j’en crois les photos publiées sur les réseaux sociaux, il y a tout un pan de la sphère survivaliste qui semble plus intéressé par le stockage de munitions et de gros calibres que par celui de bocaux de cassoulet et de poires au sirop, il ne faut pas le nier.

Alors ? la survie au quotidien passe-t-elle par la mise en place d’un arsenal personnel ? et quid de la survie post-effondrement, si effondrement il doit y avoir ? faut-il craindre un monde à la Mad Max, ou vivra-t-on nus sous le soleil avec des guirlandes de fleurs dans nos cheveux longs en écoutant pépier gaiement les oiseaux ? Bref, FAUT-IL ou NE FAUT-IL PAS faire l’acquisition d’armes à feu ?

Tout d’abord, quand nous parlons d’armes à feu, de quoi parlons-nous ?
Les armes à feu sont regroupées en 2 familles : les armes de poing (pistolets et revolvers) et les armes longues, ou d’épaule (fusils et carabines).
La législation française classifie les armes à feu en 4 catégories selon leur dangerosité supposée : A, B, C et (vous l’avez deviné, j’en suis sûr) D.
Les règles d’achat, de port, de transport, de détention de l’arme pour le citoyen Lambda varient selon la catégorie A, B, C ou D.
Pour résumer rapidement :
• la catégorie A, correspondant aux armes dites de guerre, à savoir les armes automatiques avec des chargeurs de grande capacité, est interdite sauf dérogation ;
• la catégorie B, correspondant aux armes de « tir sportif et de loisir », à savoir les armes de poing à cartouches métalliques et les armes d’épaule semi-automatiques avec de gros chargeurs, est soumise à autorisation ;
• la catégorie C, correspondant aux armes de chasse, à savoir des armes d’épaule comme les fusils de chasse (limités à 2 ou 3 coups) ou les carabines (jusqu’à 10 coups à rechargement manuel) est soumise à déclaration ;
• la catégorie D, correspondant aux armes à poudre noire (répliques de revolvers du Far-West sans cartouches métalliques par exemple), peut être achetée et détenue librement par les personnes majeures.
Si vous voulez connaître le détail des catégories d’armes à feu, je vous invite à vous rendre sur cette page du site Service Public.fr, qui les répertorie.
Un citoyen Lambda a donc, en France, aujourd’hui, la possibilité de détenir une arme à feu (de catégorie D) en fournissant simplement la preuve de sa majorité par la présentation d’une pièce d’identité.
Ces armes à feu sont supposées être les moins dangereuses des armes à feu en circulation. Ce sont pourtant ces armes à feu qui étaient en usage lors de la guerre de Sécession américaine, au cours de laquelle 620 000 hommes ont perdu la vie. Bon, l’artillerie et le corps à corps à la baïonnette ont sans doute pris à leur compte une bonne part du charnier, mais ça en dit tout de même assez long de la faible dangerosité supposée de ces armes.

En fait, par dangerosité, il faut plutôt entendre (ou sous-entendre) « pour l’État ». De fait, un groupe d’individus armés de revolvers à poudre noire sera plus facilement maîtrisable par les forces de l’ordre ou l’armée que le même groupe armé de fusils d’assaut modernes. Mais un boulet de calibre .44 tiré depuis un Remington 1858 avec une charge de poudre noire fait des dégâts que je ne souhaite à personne d’expérimenter.
Le même citoyen Lambda peut aussi, en passant le permis de chasse ou en adhérant à la Fédération Française de Ball-Trap, détenir des fusils et carabines de gros calibres (catégorie C). Ces armes sont d’ailleurs aussi utilisées, dans des versions différentes, par les armées du monde entier, et ce qui tue net un cerf ou sanglier peut avoir le même effet sur un humain. La presse locale se fait d’ailleurs l’écho chaque année des trop nombreux accidents de chasse mortels. Mais là encore, la dangerosité est estimée en fonction de la performance de l’arme et non du pouvoir de destruction de la munition : un homme armé d’une carabine à 5 coups, à chargement manuel, en calibre .30-06 Sprg, est supposé moins dangereux et plus facilement maîtrisable que le même armé d’une carabine automatique à 11 coups ou plus.

Enfin, le même citoyen Lambda peut détenir des armes de poing ou d’épaule semi-automatiques en adhérant à la Fédération Française de Tir et en remplissant un certain nombre de contraintes et de formalités.

On le voit, on ne peut pas dire que la France (et l’Europe, puisque, en gros, la règlementation est à peu près harmonisée sur le continent) soit particulièrement répressive quant à la détention d’armes à feu, quand bien même la réglementation tend à se durcir et se compliquer pour limiter la prolifération et la circulation de ces armes. Bien sûr, pour certains, la moindre restriction est toujours une restriction de trop, et je suis absolument sûr qu’ils n’hésiteraient pas à se procurer un missile sol-air s’ils en avaient la possibilité. Au cas où. On ne sait jamais. Ceci étant, en étant rationnel (et sain d’esprit), il est relativement simple de se procurer des armes à feu, aujourd’hui, en France, du moins sous certaines conditions. Ainsi, dans tous les cas, il faudra se plier à une identification en bonne et due forme.
Car les personnes détentrices d’armes à feu sont bien évidemment identifiées par l’État et inscrites dans un fichier qui répond au doux nom d’Agrippa. Enfin… elles le sont depuis peu (2007) et de plus en plus. Le législateur a d’ailleurs modifié la loi de telle sorte que la vente d’armes à feu entre particuliers soit désormais interdite sans la médiation et le contrôle (et bien sûr l’enregistrement) d’un armurier, ce afin d’assurer une traçabilité des armes actuellement en circulation. Officiellement, c’est pour éviter les trafics. Officieusement, c’est pour savoir à quelles portes l’État devra aller frapper pour saisir lesdites armes à feu, car il aura jugé qu’elles sont trop dangereuses pour la sécurité nationale et le maintien de l’ordre.
On peut regrouper les armes à feu dans 4 ensembles, 4 zones :
• en zone bleue : les armes à feu détenues légalement par les forces armées et de maintien de l’ordre ;
• en zone blanche : les armes détenues légalement par les citoyens Lambda fichés ;
• en zone grise : les armes détenues presque légalement par les citoyens Lambda non fichés ;
• en zone rouge : les armes détenues illégalement par les truands et autres méchants-pas-beaux.
Pour les zones bleue, blanche et rouge, on voit bien de quoi il retourne. Mais qu’est-ce que c’est que cette zone grise ?
La zone grise, c’est toutes les armes, principalement de chasse, mais pas seulement, qui sont encore en circulation et en usage depuis l’époque où il n’était pas obligatoire de les déclarer.
Ainsi, je me souviens de l’époque où, en allant faire ses courses au supermarché, on pouvait ressortir du magasin avec un fusil ou une carabine dans le caddie, sans oublier les munitions allant avec.

Rares sont les personnes qui les ont enregistrées auprès des autorités lorsque la législation a changé (d’autant que les personnes ne se tiennent pas nécessairement au courant de ces modifications législatives, et que, en théorie, la loi ne peut être rétroactive).
Concernant les armes à feu des zones bleue et blanche, l’État sait donc très exactement combien elles sont, où elles sont, ce qu’elles sont et qui les détient et dans quelles conditions.
Concernant les armes à feu de la zone rouge, l’État et ses services de police et de renseignement savent à peu près combien elles sont, vaguement où elles sont, un peu ce qu’elles sont et assez bien qui les détient et dans quelles conditions.
Par contre, concernant les armes à feu de la zone grise, l’État ne sait pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout.
Nous reviendrons plus tard sur ces zones et sur ce que cela implique dans un contexte de survie.
À quoi sert une arme à feu ?
Une arme à feu est un outil, mais un outil un peu particulier, puisque son unique fonction est de détruire sa cible, ce qui revient dans la plupart des cas à la faire passer de vie à trépas. L’effet dissuasif qu’on peut éventuellement tirer de l’apparition soudaine d’une arme à feu est d’ailleurs directement corrélé à son pouvoir de destruction.
C’est pourquoi comparer une arme à feu à un marteau est une absurdité.

Quand bien même on peut tuer quelqu’un avec un marteau (principe de l’arme par destination), ce n’est pas sa fonction première, loin de là. Dans ce cas, on peut aussi la comparer à une petite cuillère à thé, tant qu’on y est !
Il est bien évident que la détention et, a fortiori l’usage, d’une arme à feu occasionne une responsabilité infiniment supérieure à la détention d’un marteau ou d’une petite cuillère à thé, quoi qu’il soit possible de faire par ailleurs avec un marteau et une petite cuillère à thé.
Les armes à feu, est-ce que c’est mal ?
Le bien et le mal sont des concepts moraux totalement subjectifs, indissociables de chaque individu.

Cet article n’a pas pour vocation à précher la bonne parole auprès de mes ouailles : je ne suis pas un gourou en quête de reconnaissance, d’argent ou d’amour.
Faites ce que bon vous semble selon votre conscience.
Je ne fais que donner des pistes de réflexion, celles-ci étant, à mon sens, bien trop souvent ignorées.
Le survivaliste, quel que soit le sens qu’on donne à ce mot, me semble aujourd’hui avoir perdu une bonne part de son sens critique et me paraît bien trop souvent moutonnier par rapport à certains directeurs de conscience qui ont pignon sur rue (ou plutôt sur le web).
Une véritable réflexion, rationnelle, me paraît infiniment plus saine que l’acceptation béate de préceptes venus d’autrui, qu’autrui soit pro ou anti armes à feu.
Une arme à feu est-elle utile ?
Ça dépend.
Une arme à feu est utile dans deux cas, et deux cas seulement pour un citoyen Lambda : chasser et se défendre.
Ici et maintenant, c’est-à-dire en France Métropolitaine le 1er décembre 2019, la chasse est globalement inutile, sauf pour réguler certaines espèces telles que le sanglier, qui ont été artificiellement déployées sur des territoires et qui désormais pullulent et développent des épizooties. D’ailleurs, dans le cas de la maîtrise des épidémies comme la peste porcine, je pense sérieusement que l’armée serait plus à même d’agir efficacement que les chasseurs. Sorti de ça, la chasse, en France, aujourd’hui, est un loisir, non une nécessité : nous vivons dans une société de surabondance alimentaire disponible à vil prix, au point même que les producteurs ne parviennent plus à vivre correctement (voire plus à vivre du tout) de leur travail. Et comme dans le même temps, les populations de faune sauvage s’effondrent, on peut affirmer sereinement que chasser n’a pas d’utilité réelle. Je ne dis pas « Il ne faut pas chasser ! », ni « Chasser est idiot ! », juste que ça n’est pas utile dans un contexte de survie du quotidien, ici et maintenant, même s’il peut être agréable de déguster du gibier à l’occasion.
Dès lors, si une arme à feu est utile pour chasser, mais que chasser est inutile, alors une arme à feu pour chasser est inutile.
De même, ici et maintenant, en France le 1er décembre 2019, les armes de défense sont globalement inutiles, voire contre-productives. Il suffit d’éplucher les journaux : les attaques de familles à domicile sont heureusement extrêmement rares à déplorer (1 ou 2 par an), y compris dans les quartiers les plus mal famés, et elles sont généralement le fait de pieds nickelés, certes violents, mais rarement lourdement armés, ce qui n’ôte rien à leur dangerosité potentielle.
Toutefois, le groupe de Tchétchènes musculeux, drogués, sanguinaires et armés jusqu’aux dents qui débarque dans votre pavillon de banlieue à 2 heures du matin pour trucider et violer (oui, dans cet ordre-là) tous les membres de votre famille et même votre chat Minouche, relève du fantasme. Il serait intéressant d’ailleurs de demander à un psychanalyste ce qu’il en pense.

Ceci étant, quand bien même le home jacking serait une menace plus répandue, posséder une (ou des) arme(s) à feu ne serait à mon avis pas d’une grande utilité, du fait même du mode opératoire : des individus sonnent à votre porte ou attendent que vous rentriez chez vous pour vous surprendre violemment et pénétrer chez vous non sans vous molester, vous ou vos proches. Si on prend en compte l’effet de sidération causée par l’intrusion violente, le fait que vous n’avez probablement pas l’arme sous la main et que, soit vous êtes seul et donc déjà brutalisé et aux mains des agresseurs, soit vous ne l’êtes pas et dans ce cas, c’est votre conjoint(e) ou vos enfants qui le sont et servent alors ou d’otages ou de boucliers, alors je ne vois pas comment une arme à feu vous aiderait à vous sortir de cette situation sans la faire déraper davantage encore.
Oh ! certes, il y a sans doute des cas d’agressions où le fait d’avoir une arme à feu à disposition pourrait vous sauver la mise, voire la vie, mais statistiquement, la probabilité est si faible que vous avez à peu près autant de risques d’y être confronté que de chances de remporter le gros lot à l’Euromillions. Ici et maintenant ; je ne présage pas de l’avenir.
Par contre, les viols et violences exercées dans le cadre intra-familial sont une réalité parfaitement tangible.
Sur les 222 000 viols annuels qui ont lieu en France, plus des deux tiers sont commis par un proche vivant sous le même toit.
Dès lors, être armé est à double tranchant, l’agresseur ayant accès à ces mêmes armes.
Et là, vous me dites : « Nous vivons dans un monde dangereux, une jungle urbaine, et se promener la nuit, seul, dans une rue mal éclairée, tandis que rôdent plein de vilains-pas-beaux en mal d’affection et d’argent nécessite de prendre ses précautions ! »
Déjà, le port d’arme étant globalement interdit en France, vous promener avec une arme à feu dans la poche ou le sac à main a plus de probabilité de vous envoyer en garde à vue que de vous défendre lors d’une éventuelle agression, quand bien même vous êtes une faible femme.

En 2018, en France, il y a eu 845 homicides, dont les règlements de compte entre délinquants, les accidents de chasse et les violences intra-familiales.
Il y a aussi eu 240 200 coups et blessures volontaires sur personnes de plus de 15 ans, 7 700 vols avec armes (à feu ou non) et 80 900 vols violents sans arme (chiffres : ministère de l’Intérieur).
Au total, statistiquement, ça représente très peu de risque, énormément moins que dans des pays comme les USA par exemple (ou d’autres).
Bien sûr, comme toute probabilité non nulle, ça peut arriver. Mais le nombre de cas où le port d’une arme à feu va s’avérer nécessaire (je n’ai même pas dit indispensable) est tout de même très proche du zéro. Sauf bien sûr à ce que vous considériez que le zonard bourré qui en veut aux 40 € qu’il y a dans votre portefeuille mérite la mort.

Et si la malchance vous frappe et que vous vous retrouvez dans la situation où vous avez besoin de dégainer votre arme pour protéger votre vie… sachez que vous n’êtes absolument pas préparé(e) à ça. Dans un club de tir, on vous apprendra les techniques de manipulation des armes à feu et vous vous entraînerez à tirer sur un bout de carton dans un environnement sécurisé et sans gros shoot d’adrénaline. Selon la situation et l’agresseur, et sauf à ce que vous soyez préparé(e) comme un professionnel, vous risquez sans doute plus de vous retrouver blessé ou tué par votre propre arme, laquelle aura dès lors changé de propriétaire. M’est avis que des cours de self défense et le port d’une bombe lacrymogène sont bien plus utiles et efficaces que le port d’une arme à feu sur l’espace public. Je le répète : ici et maintenant.
N’oubliez pas non plus que de nombreux lieux sont désormais équipés de détecteurs et qu’il est assez mal vu de déposer votre calibre avec votre smartphone quand vous passez le portique de l’aéroport ou du tribunal, ou autre… Essayez d’entrer au Bataclan avec un pistolet et voyons ensemble ce qui arrivera.

Il y a pourtant un troisième cas dans lequel une arme à feu peut s’avérer utile pour un citoyen Lambda : le suicide.
Toutes les études démontrent depuis de nombreuses années que plus les armes à feu sont accessibles, plus le taux de suicide par arme à feu augmente. Pourquoi ? Parce que l’arme à feu est d’une efficacité redoutable et qu’il y a donc moins de ratages.
Par exemple, aux USA, il y a eu en 2016 plus de 38 658 décès dus aux armes à feu. Sur ces 38 000 morts, les deux tiers sont des suicides (ce qui donne tout de même quelques 13 000 homicides par arme à feu en un an) (chiffres CDC, correllés par ceux du FBI).
En France, l’arme à feu est le 2e moyen de suicide utilisé par les hommes (après la pendaison), le 3e par les femmes. En 2014, c’est 1 102 suicides par arme à feu qui ont eu lieu en France (source : CépiDC).
Bien entendu, contrairement à ce que prétendent les militants anti-armes, supprimer les armes à feu ne supprimera pas les suicides. Mais il était important de noter ce fait pour être complet.
Voilà pour le ici et maintenant.
Et dans une optique « survivaliste » ?
Il faudrait déjà s’entendre sur ce qu’on entend par survivalisme, le terme, ô combien galvaudé, recouvrant bien des acceptions aux antipodes les unes des autres.
Et définir des points communs aux différents profils de survivalistes n’est guère aisé, car du facho bon teint qui rêve d’enfin avoir la possibilité de tirer « du migrant bougnoule islamiste qui vient jusque dans nos bras égorger nos filles et nos compagnes, et voler notre pain quotidien et notre travail, tout en n’en branlant pas une et en touchant les allocations en bon argent bien français, pour se protéger de l’invasion qui vient » à l’écolo hippie bio sans gluten qui vit pieds nus pour ne pas abimer l’herbe verte et prie Gaïa, notre mère à tous, devant un portrait en noir et blanc de Pierre Rabhi tout en espérant que ses deux plants de quinoa biodynamiques suffiront pour nourrir sa famille ces trois prochaines années, la palette est vaste.

Pour moi, est survivaliste celui qui est conscient que le monde qui l’entoure n’est ni contrôlable ni foncièrement bénéfique et qui, par sa préparation physique, mentale, par ses compétences et matériels, est à même de faire face à la majeure partie des cas de figure raisonnablement probables.
Ces cas de figure sont eux aussi extrêmement variés : depuis l’accident de la vie (on se casse une jambe, on perd son emploi, on est quitté par son conjoint) jusqu’aux catastrophes majeures (accident nucléaire, tremblement de terre, éruption volcanique, guerre…).
Il est évident que la détention ou l’usage d’une arme à feu dans un contexte d’accident de la vie n’est pas plus utile qu’au quotidien, voire n’aura pour autre conséquence que d’accentuer encore les problèmes auxquels on est confronté. Un divorce est déjà quelque chose de difficile à gérer et à vivre : devoir cacher un corps et dissimuler un homicide ne facilitera pas la tâche !
Dans le cas d’une catastrophe majeure, hors la guerre, l’arme à feu sera rarement utile : vous aurez beau avoir un AR-15 et un plein stock de munitions, le volcan gagnera et vous perdrez. De même, ramer dans un radeau de survie avec la crosse de votre fusil de chasse est peut-être mieux que rien, mais n’est pas non plus d’une efficacité éprouvée.
Non.
Là où l’arme à feu peut devenir véritablement utile, c’est en cas de rupture des normes sociales, lorsqu’une société bascule dans le chaos et l’anomie.
Pourquoi ?
C’est ici que nous allons retrouver nos quatre zones, bleue, blanche, grise et rouge.
La zone blanche, celle des armes légalement détenues par les citoyens Lambda en France, comptabilise en 2018 environ 4,5 millions d’armes à feu, de chasse, de tir ou de défense enregistrées dans le fichier Agrippa. C’est à dire que 50 millions de citoyens Lambda adultes se partagent 4,5 millions d’armes à feu. 9 armes à feu pour 100 personnes. Statistiquement, si vous connaissez 10 personnes, une au moins détient légalement au moins 1 arme à feu.

Nous disons donc 4,5 millions d’armes à feu.
Pour la zone bleue, c’est plus compliqué. Il n’y a pas de statistiques officielles publiques sur le nombre d’armes à feu des troupes françaises. Mais on peut faire un rapide calcul : il y a environ 150 000 policiers et 100 000 gendarmes en activité en France (chiffres de 2017, source : ministère de l’Intérieur). À raison de 2 armes de service par tête, on a 500 000 armes à feu de plus dans les comptes. Les policiers municipaux sont de plus en plus nombreux, eux aussi, à être armés : 12 000 d’entre eux sont équipés, dans le cadre de leur fonction, d’une arme à feu (source : ministère de l’Intérieur). Enfin, les 275 000 soldats de l’Armée Française sont eux aussi équipés d’armes à feu. Comptons là aussi 2 armes par tête : 566 000 armes à feu de plus (je ne comptabilise pas les porte-avions, chars d’assaut et autres hélicoptères de combat).
Soit un total de 5 578 000 armes à feu légales en usage.
Voilà pour les armes à feu légales.

Mais quid des zones grises et rouges ?
C’est là que ça devient rigolo.
D’après une étude menée par le Small Arms Survey et l’Institut genevois de hautes Études internationales et du Développement, 12,7 millions d’armes à feu circuleraient en France entre les mains des citoyens Lambda.
Si on y ajoute les chiffres de l’armée et de la police, on obtient 13,8 millions d’armes à feu. Soit une arme à feu pour trois personnes ! Selon ce classement, la France arriverait en septième position quant au nombre d’armes par civil, derrière les États-Unis, la Finlande et la Suisse, ce qui en ferait le 2e pays le plus armé de l’UE.
Bien sûr, beaucoup de ces armes relèvent de la catégorie C et ont un caractère de dangerosité nettement moindre qu’un AK-47. Néanmoins, un bon coup de 12 dans les gencives n’est jamais souhaitable.

Jusqu’ici, tant que « tout va bien », ces armes dorment pour la plupart en prenant la poussière sur le haut des armoires bretonnes ou auvergnates.
Mais si l’effondrement advient (quand il adviendra), il ne faudra pas attendre bien longtemps pour qu’elles repointent le bout de leur museau.
Vous me direz : « L’effondrement, l’effondrement… Depuis le temps qu’on en parle, à supposer que ça arrive un jour, c’est pas pour demain ! »
Au niveau financier, tous les signaux sont au rouge.
Au niveau climatique, tous les signaux sont au rouge.
Au niveau sociétal, tous les signaux sont au rouge.
Au niveau de la biodiversité, tous les signaux sont au rouge.
Au niveau géo-politique, tous les signaux sont au rouge (trop de crises actuellement pour ne mettre qu’un lien).

Peu importe quel sera l’élément déclencheur… dans un monde globalisé, tout est dans tout (et inversement) et il suffit qu’un paramètre tombe pour que la théorie des dominos se révèle.
Une arme à feu pour 3 personnes.
« Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. » disait Blondin à Tuco dans le film « Le Bon, la Brute et le Truand » de Sergio Leone.
Dès lors, c’est à chacun de se positionner s’il veut être celui des 3 qui possède l’arme à feu. Car il est assez facile d’imaginer ce qu’il adviendra des deux autres.
Mais alors, quelles armes à feu faut-il ?
Tout dépend de ce que vous comptez en faire, là où vous vivez (ou là où vous serez lorsque vous serez amenés à vous en servir).
Chaque arme à feu a ses propres spécificités, ses avantages, ses inconvénients. Il est peu probable que vous tombiez un sanglier avec un pistolet .22LR. Il n’est pas conseillé de tirer à la chevrotine sur une caille.
Si vous décidez de vous armer, renseignez-vous au préalable sur les différents types d’armes, sur la façon dont vous souhaitez vous les procurer, sur le budget que ça implique, etc. N’oubliez pas non plus que vous devrez vous exercer : une arme à feu n’est pas une lampe de chevet, s’en servir convenablement est un peu plus compliqué et les implications sont le plus souvent conséquentes !
Enfin, ayez à l’esprit qu’une arme à feu enregistrée est potentiellement une arme à feu dont vous devrez vous séparer ou qui pourra être saisie du jour au lendemain parce que le législateur aura durci la réglementation sur la détention de ces armes. Attention ! Je ne vous dis pas que vous devez posséder des armes à feu acquises illégalement. D’ailleurs, je ne vous dis même pas que vous devez posséder des armes à feu ! Ceci étant, demandez-vous tout de même où va un gouvernement qui voudrait totalement désarmer ses citoyens, tout en les fichant biométriquement par ailleurs ou qui utiliserait les services de milices privées pour pallier ses lacunes dans le maintien de l’ordre et faire de supposées économies budgétaires.

Et toi, tu es armé ? Et tu as quoi comme armes à feu ?
Je ne répondrai pas à ces questions.
D’abord parce que ce n’est pas le sujet.
Ensuite, parce que si j’ai des armes à feu, le dernier endroit où j’en ferai état est bien le web !
D’ailleurs je ne comprends absolument pas tous ces gens qui postent régulièrement des photos de leur dernière pétoire, ou de leurs stocks de munitions, se définissant ainsi comme de bonnes cibles pour les vilains-pas-beaux qui ont envie de se constituer un arsenal à peu de frais.

Tout ce que vous posterez sur le web pourra et sera retenu contre vous un jour. Et ce n’est pas un simple pseudonyme qui vous mettra à l’abri de la convoitise et des méfaits. (Il faudra que je fasse un jour un article sur la sécurité informatique.)
Enfin, parce que je suis moi, et pas vous.
Si ça se trouve, je suis triple champion du monde de Krav Maga, ou chasseur à l’arc, ou pilote d’hélicoptère de combat, ou le fils naturel de Chuck Norris. Et pas vous.

Ou je suis juste un citoyen Lambda, avec le vieux fusil du grand-père et 10 cartouches de gros sel.
Ou je suis un hippie bobo en tongs et dreadlocks qui fume des joints à longueur de journée.
Ou je suis tireur sportif inscrit dans un club et j’ai assez de flingues pour armer tout le hameau où je vis.
Ce n’est pas le sujet.
Je l’ai dit : le sujet est de réfléchir, de se poser les questions et de décider (ou pas) en fonction de qui on est.
Et la décision, votre décision, elle se prend ici et maintenant.
Ou pas.
Mais en toute connaissance de cause.